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LO-renzo vu par Marie-cécile Ruault-Marmande

Acteur-plasticien aux multiples facettes depuis près de 20 ans, LO-renzo revendique le fait « d’être artisteà plein temps » et inscrit l’art dans son quotidien comme un défi de chaque jour. Créateur d’actions, il se met en scène dans des situations cocasses toujours inspirées du réel. Sa pratique artistique est en effet si près de la vie qu’il peut parfois s’y dissoudre, ne faire qu’un avec son environnement. Designer d’objets, ses inventions sont des points de rencontre et d’échange, propices aux surprises. De ces petits mondes révélés naît le mystère, comme un appel à la fantaisie de celui qui les regarde. Sans métaphore ni symbole, les oeuvres de LO-renzo, au lieu de nous inviter à en pénétrer la signification interne, nous renvoient immédiatementà l’exploration d’un espace imaginaire que nous partageons avec elles. En 1992, pour Le déjeuner sur l’herbe, LO-renzo revisite déjà l’histoire de la peinture, de Edouard Manetà Claude Monet, en détournant l’oeuvre originale à sa façon.

L’année suivante, il invente le ready-arrhe à partir de l’équation de Marcel Duchamp « Arrhe / Art = Merdre / Merde ». Ce clin d’oeil au maître, à travers un readyarrheà base de rouleaux de papier hygiénique, sera l’élément déclencheur de sa démarche : « faire de l’art », d’une manière nouvelle, insolente et drôle. Egalement dans la continuité de Duchamp, pas le Marcel Duchamp du readymade cette fois mais celui des expérimentations sur l’optique, LO-renzo travaille la problématique de la trame. En maquillant notamment une carte IGN avec un motif camouflage, il questionne l’idée de projection de l’image d’un espace dans un autre, de sa transposition selon différents modes représentatifs et sur différents supports."

Cela l’amène ensuite à intervenir sur un site de 13 hectares, le jardin d’hélys-oeuvre, dans un travail de « recréation permanente » (Zonage au sol et Cible depuis 1999). Sur ce lieu, on croise aussi des Cabanes, blanches ou roses, suspendues ou tendues de filets de camouflage. En contournant ces formes minimalistes à échelle humaine – 1,80 m de haut comme la taille de l’artiste – le visiteur commence à deviner le travail de LO-renzo et peut apprécier l’espace, l’équilibre, le sens de la dynamique qu’il met au jour. L’artiste cherche la source de cette nature omniprésente, l’observe, la fixe, et parfois détourne les éléments de leur cycle naturel. Ainsi, à la manière de Guiseppe Penone, il ratisse, écorce les troncs d’arbres couchés au sol pour mieux en restituer la beauté.

Il représente également l’homme face au paysage dans ses autoportraits de dos – tantôt frère de Van Gogh parmi les tournesols, tantôt soldat de l’armée de terre (série Arrhaine) – où l’humour et la fiction se disputent la géométrie de la composition. Un désir de fusion et de cohésion finales caractérise l’ensemble de son oeuvre : il s’agit de rassembler tous ces éclats d’humanité apparemment si éloignés les uns des autres, et de les mettre pour ainsi dire, sous tension, en une réelle matérialité dont la simplicité apparente amplifie l’effet.

Marie-Cécile Ruault-Marmande historienne de l'art

BIOREPERES

autodidacte>>> 1965 naissance à Lyon>>> 1984 certificat d'aptitude professionnel de peintre, vitrier, applicateur de revêtements>>> 1989 c​o-fondateur du jardin d’hélys à vaulx en velin>>> de 1991 à 1995​ chauffeur-livreur aux galeries lafayette boutique-bonheur>>> à compter de 1993 invente le ''ready-arrhe''>>> depuis 1993​ reçoit le soutien du ministère de la culture et de la communication>>> 1993 ''bas le mur'' première exposition personnelle>>> 1995 co-fondateur du jardin d’hélys-oeuvre* à saint médart d’excideuil * jardin remarquable depuis 2013>>> 2012 lancement du projet ''j’ai trouvé mon île - bolide Z'' à l’échelle planétaire…